Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/73

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perſonne qui donnoit ſon cœur, ſans l’aveu de ſes parents. Quelques mots recueillis dans ſa converſation avec ma mere ; quelques informations que la curioſité lui avoit fait prendre, ſervoient de baſe à ſes remontrances ; & comme l’amour étoit, & devoit être en effet un très-grand crime aux yeux d’une fille de ſon état, elle m’humilioit probablement ſans s’appercevoir de l’âcreté de ſon zele, d’une maniere fort peu ménagée. Cette lettre commença de m’éclairer ſur la vérité. Je vis qu’il ne s’agiſſoit point de quelque nuage paſſager, mais d’un orage affreux, qui menaçoit le bonheur de ma vie.

Voulant tout ſavoir, j’appellai Marcelle, que je regardai d’un air à lui interdire l’eſpérance de m’en impoſer encore. Vous m’avez menti, lui dis-je, ſur la cauſe de mon ſéjour ici. Ma mere a parlé ; je fais ce qui l’irrite ; mais j’ignore comment elle a pu découvrir ce que nous cachions avec tant de ſoin… Il faut me faire un récit exact de ce qui vous eſt connu, ſi vous voulez que je vous pardonne. Marcelle rougit… biaiſa… J’inſiſtai… j’ordonnai, & fus obéie. Elle me raconta la démarche de Madame de Villeprez, telle qu’elle l’avoit dite à Madame de Saintal.

J’exprimerois foiblement les tranſports qui m’agiterent en l’écoutant. A chaque