Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/89

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vénients qui pourroient naître de ces diſpoſitions, & combien votre vivacité naturelle ſeroit propre à les multiplier ? Non, Monſieur, répondis-je, avec aſſez d’humeur, je n’ai point fait cet examen, & ne l’aurois pas ſuppoſé néceſſaire, après le deſir que vous-même avez témoigné de notre mariage. Devois-je penſer que vous vouliez former, avec connoiſſance, une union dangereuſe pour votre fils & pour moi ? Vous êtes préſſante, dit le Marquis… Il eſt vrai, j’avois donné ma voix à ce mariage, & la donnerois encore ſans me le reprocher, parce que ſi le Comte a des défauts, il a des vertus qui les compenſent. Mais il faut y renoncer, & s’aider de ce qu’on peut pour rendre le ſacrifice plus ſupportable. Je ne le ferai pas, repliquai je d’un ton affirmatif. Madame de Rozane ne ſe déclare contre nous que par un intérêt perſonnel ; vous ne nous abandonnez que pour lui complaire : c’eſt à nous de défendre notre bonheur contre les obſtacles qu’on y oppoſe. Eh quoi, ne ſommes-nous entre les mains de nos parents que des victimes, qu’ils peuvent immoler à leur gré ? Eſt-ce pour eux, eſt-ce pour nous que nous contractons des engagements indiſſolubles ? N’avons nous aucun droit ſur notre deſtinée ? La nature, les loix nous condamnent-elles au renoncement de