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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/155

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Rozane ? Ah ! craignez bien plutôt qu’elle ne lui faſſe une révolution contraire à la fin que vous vous propoſez ; ſon état exige les plus grands ménagements ; il faut ne l’émouvoir que par des ſentiments doux & gradués : c’eſt à votre fille à les exciter : ce n’eſt qu’à la faveur de la tendreſſe qu’il a pour elle, que vous pouvez eſpérer d’en être reçue…

Ecrivez à Mademoiſelle des Salles d’amener cet enfant : je joindrai une lettre à la vôtre pour qu’elle n’héſite point à faire ce que vous deſirez d’elle ; mais ne lui confiez pas votre deſſein, elle pourroit en informer le Comte, qui probablement s’y oppoſeroit.

En attendant ma fille, je paſſois les jours auprès de la Marquiſe : nous étions bien. Graces à trois ans de ſéparation, j’avois acquis aſſez d’aſſurance pour oſer quelquefois raiſonner avec elle.

Dans un de nos entretiens, je lui demandai ce qui l’avoit engagée de prendre le parti du couvent ? En me regardant, dit-elle, vous auriez pu m’épargner cette queſtion. Quoi ! m’écriai-je, un peu plus, un peu moins de beauté a cauſé votre divorce avec le monde ? Eh, ma mere, ne vous reſte-t-il pas plus de qualités qu’il n’en faut pour vous ſoutenir au rang des femmes dont