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dont il étoit plein. Ne nous abuſons point, me dit-il, nous n’en ſerions frappés que plus fortement : il eſt certain que je me meurs. Un dépériſſement journalier m’avertiſſoit déjà des approches de ma fin ; les révolutions que j’ai éprouvées depuis hier en accéléreront l’inſtant. Que cela ne vous faſſe pas repentir d’être venue. Votre ſéjour ici pourra m’aider à réparer le tort que je vous ai fait en vous quittant : c’eſt une grande faute !… Je vous ai livrée, ſans défenſe, à la malice de vos ennemis. L’amour furieux pourroit me ſervir d’excuſe, je n’en cherche point… La Comteſſe de Rozane devoit attendre de ſon mari plus de ménagement pour ſa réputation.

Quand la raiſon m’eſt revenue, j’ai ſenti tout le mal, & toute la difficulté du remede. Notre réunion étoit le plus sûr & le plus facile ; mais vos actions démentant vos paroles, me faiſoient penſer que vous ne la deſiriez pas ; qu’il vous en coûteroit les plaiſirs, les liaiſons, la vie tumultueuſe dont vous aviez fait choix ; & à moi la peine de voir votre ennui, d’être en butte à vos froideurs, à vos répugnances… Ce n’eſt pas avec un cœur tel que le mien, qu’on peut faire & accepter de ſemblables ſacrifices. Il m’a paru qu’un mal d’opinion, quel qu’il fût, étoit préférable à des chagrins domeſ-