Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 88 )

me le dit avec douceur, & conſentit, pour la terminer, à revoir le Médecin.

Les remedes eurent d’abord quelqu’apparence de ſuccès ; ce fut une lueur paſſagere, la langueur reprit le deſſus… En moins de ſix ſemaines, Rozane dépérit au point de ne pouvoir ſe tranſporter, ſans aide, d’un endroit à l’autre.

Le croira-t-on ? Cet état ne m’inquiétoit pas. La ſéduction des Médecins, mon penchant à me flatter, le peu de tenue de mes ſentiments, m’avoient fait paſſer des plus vives alarmes, à la plus étonnante ſécurité… Je n’en ſortis même pas entiérement après la converſation que je vais rendre.

Depuis celle que nous avions eue le lendemain de mon arrivée, le Comte avoit toujours évité de ſe trouver ſeul avec moi. Ce ſoin, dont je m’étois aiſément apperçue, m’avoit fait prendre l’habitude de ne me préſenter chez lui qu’à l’heure où il admettoit tout le monde. Un matin il me demanda beaucoup plutôt. Je fus troublée en apprenant qu’il s’agiſſoit d’un tête-à-tête, & probablement d’une nouvelle explication, dont je me tirerois auſſi mal que de la premiere.

Mon mari me reçut d’un air plus ouvert, qu’il ne l’avoit eu depuis notre réunion. J’ai de bonnes choſes à vous annoncer, me dit-