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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/84

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que quelques anecdotes ſecretes ; mon imprudence de faire venir le Comte à Aulnai, & l’objet des reſſentiments de ma mere, dont je voulois faire un traité particulier. L’étonnement, l’indignation de M. de Rozane, ne s’étoient manifeſtés pendant mon récit, que par quelques exclamations : il ſe recueillit, comme pour le repaſſer, & je m’apperçus qu’il le croyoit exagéré, peut-être ſuppoſé par mon imagination ſur ce qui concernoit le danger de ſon fils. Vous doutez de ce que je dis, repris-je, j’en ſerois affligée, ſi je n’avois pas entre mes mains dequoi vous convaincre… Liſez cette lettre, Monſieur, elle eſt de Madame d’Archenes, & la même que Murville reçut un inſtant avant ſa mort.

Le Marquis changea pluſieurs fois de viſage en la liſant… Voilà, s’écria-t-il, une abominable femme !… Mais auſſi quelle étourderie d’aller provoquer des gens dont vous connoiſſiez ſi bien les diſpoſitions !… Vous nous avez tous expoſés à de belles aventures !

M. de Rozane continua, les yeux toujours attachés ſur la lettre. Je n’oſois rien hazarder pour ma défenſe, & craignois, à chaque mot, de m’entendre interpeller ſur l’article de ma mere : il arriva. Quel eſt donc ce propos donc on s’eſt ſervi pour ani-