Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/383

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bien cendrillon. Tu ne m’écris pas du tout, tu n’aimes pas ton mari ; tu sais le plaisir que tes lettres lui font, et tu ne lui écris pas six lignes jetées au hasard ! Que faites-vous donc toute la journée, madame ? Quelle affaire si importante vous ôte le temps d’écrire à votre bien bon amant ? Quelle affection étouffe et met de côté l’amour, le tendre et constant amour que vous lui avez promis ? Quel peut être ce merveilleux, ce nouvel amant qui absorbe tous vos instants, tyrannise vos journées et vous empêche de vous occuper de votre mari ? Joséphine, prenez-y garde, une belle nuit les portes enfoncées, et me voilà. En vérité, je suis inquiet, ma bonne amie, de ne pas recevoir de tes nouvelles ; écris-moi vite quatre pages, et de ces aimables choses qui remplissent mon cœur de sentiment et de plaisir. J’espère qu’avant peu je te serrerai dans mes bras, et je te couvrirai d’un million de baisers brûlants comme sous l’Équateur.


XXIV

Vérone, le 19 novembre 1796.

Enfin, mon adorable Joséphine, je renais ; la mort n’est plus devant mes yeux, et la gloire et l’honneur sont encore dans mon cœur, l’ennemi est battu à