Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/25

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décuple pour eux le prix des denrées. Ce n’est d’ailleurs que dans le Tell que ces tribus peuvent rencontrer, pour leurs dromadaires et leurs moutons, des pâturages d’été, saison où le manque absolu d’eau serait mortel aux troupeaux dans le désert. Cette dépendance du Sahara envers la région des céréales est un fait tellement important qu’aucune intrigue ou sédition de la part des nomades ne peut nous préoccuper longtemps, placés qu’ils sont sans cesse sous l’inévitable coup d’une répression pécuniaire, et même plus terrible, au besoin. Quatre passages à travers une chaîne de montagnes qui court parallèlement à la mer, conduisent du désert au Tell ; à l’est, celui de Kinchila ; à l’ouest, celui de Soubila ; ceux de Megaous et de Batna, au centre. Les deux premiers sont en dehors de la direction que suivent les tribus. Batna est fortement occupé par nous ; quant à Megaous, notre caïd des Ouled-Sultan y est établi et peut en défendre l’accès à tout venant qui se serait attiré notre colère. Tout cela prouve encore une fois que nous pouvons gouverner de loin les Arabes du Désert et abandonner cette administration directe qui les avait enrichis, mais qui nous a créé des obstacles tellement graves qu’il nous a fallu, pour les surmonter, tout l’héroïsme de nos troupes. Voyons comment ils avaient surgi.

La base de la gestion de M. de Saint-Germain, c’était l’égalité devant l’impôt, et il n’avait voulu tenir aucun compte des privilèges des marabouts, dans un pays pourtant où cette caste est aussi nombreuse qu’influente. Il n’en fallait pas davantage pour nous faire des ennemis irréconciliables de gens qui n’auraient pas mieux demandé que de nous servir, si, comme les Turcs l’avaient fait avant nous, nous eussions ménagé leur