La France, la République, les Armes, voilà les aspirations
de toute ma vie de proscrit. Mes idées, mes études, mes exercices
avaient suivi, dès longtemps, cette direction. En vain,
depuis dix ans, je m’étais réitérativement adressé au roi Louis-Philippe,
à ses ministres, aux vieux compagnons de l’empereur ;
même une place à la gamelle, même un sac et un mousquet
en Afrique, m’avaient été refusés. Vainement, ne pouvant
pas servir mon pays, je frappai à toutes les portes, pour
acquérir, au moins, quelque expérience militaire, en attendant
l’avenir. Ni la Belgique, ni la Suisse, ni Espartero, ni Méhémet-Ali,
ni le Czar, de qui j’avais sollicité la faveur de faire une
campagne au Caucase, ne purent ou ne voulurent pas accueillir
mes souhaits. À l’âge de dix-sept ans, il est vrai,
j’avais suivi en Colombie le général Santander, président de
la République de la Nouvelle-Grenade, et j’en avais obtenu
la nomination de chef d’escadron, qui m’a valu depuis le
grade au titre étranger que notre Gouvernement provisoire
m’avait conféré.
Ce fut peu de jours après Février que, nommé chef de bataillon au premier régiment de la légion étrangère, je vis,