étages supérieurs ruinés, les habitants se réfugiaient dans ces souterrains, et la résistance continuait de plus belle.
Malgré le courage et l’activité du génie, les deux sapes à droite et à gauche cheminaient très lentement. On s’était vu contraint d’en faire les épaulements en sacs à terre, et de les blinder, tant bien que mal, avec des branchages de palmier, pour mettre les hommes à l’abri des pierres que les Arabes ne cessaient d’y lancer. La tête de sape était continuellement en butte à leur fusillade, et les sapeurs qui se montraient à découvert étaient aussitôt tués ou blessés. Une espèce de mantelet en planches et en tôle, qu’ils poussaient devant eux en guise de gabion farci, ne se trouva pas à l’épreuve des balles, ce qui était d’autant plus fâcheux qu’on n’avait ni cuirasses, ni pots-en-tête. Mais aussi qui eût pu croire qu’un misérable village du Sahara nous obligerait à l’assiéger de la sorte ?
Vers le soir, le général vint faire la visite de la tranchée et donner des ordres pour la nuit. Il est bienveillant, ferme et sympathique ; officier sous l’empire, il fut blessé à Waterloo. J’observai qu’il s’exposait beaucoup et sans ostentation. A sa suite, comme porte-fanion de l’état-major-général, se trouvait le fameux tueur de lions, Gérard, maréchal-des-logis aux spahis, aujourd’hui sous-lieutenant. Je causai quelque temps avec cet intrépide chasseur, qui est de plus un excellent soldat. C’est à l’affût, à la chute du jour, et souvent à nuit close, qu’il attend ses dangereux adversaires et qu’il les tue, de fort près, avec une carabine à deux coups, chargée de balles ogivales à pointe d’acier. Cette précaution lui a paru nécessaire depuis que, malgré son sang-froid et la précision de son tir, il lui est arrivé qu’on lion, dont il s’approchait croyant l’avoir