Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/65

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grenadiers à l’éminence où était tombé Smitters, et un d’eux, nommé Goise, qui avait été prisonnier des Arabes et parlait leur langue, se mit à les défier et à les plaisanter de la façon la plus originale. C’est encore une preuve de l’ascendant des corps d’élite, que, dès ce moment, l’attaque se ralentit ; l’uniforme des zouaves est redouté de leurs adversaires à l’égal des vestes bleu de ciel des chasseurs, et nos troupes elles-mêmes savent, par expérience, ce que vaut le concours de ces triaires de l’armée d’Afrique.

La voix du colonel se fit entendre de loin, annonçant des renforts. En effet, sur notre droite, le commandant Bourbaki avec les tirailleurs indigènes, et le lieutenant-colonel Pariset, de l’artillerie, en personne, avec deux obusiers, refoulaient l’ennemi, qui ne tarda pas à rentrer à Lichana. Arrivé près de nous, le colonel me communiqua l’ordre du général de battre en retraite. Je me permis d’observer que les Arabes rétrogradaient, et que le moment était propice pour continuer l’abattage des dattiers ; mais il me répondit que l’ordre était formel, et qu’il n’y avait qu’à obéir. Sur ce, nous quittâmes une position que nous avions gardée quatre heures, on sait à quel prix ; nous gagnâmes la plaine sans aucune opposition, et de là la tranchée. Nous avions eu six morts et vingt-deux blessés, dont trois officiers [1] ; les Arabes durent avoir un nombre infiniment plus considérable des leurs hors de Combat.

Je trouvai le général près de la Zaouïa. Il parut regretter de nous avoir engagés si loin, à cause des pertes que nous

  1. Voyez les états nominatifs aux Pièces justificatives.