Page:Bonnecorse - Lutrigot, 1686.djvu/9

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CHANT I



Je chante, Lutrigot, ce heros du Parnasse
Dont la France indignée a condamné l’audace,
Qui trop longtemps armé de ses traits imposteurs
A declaré la guerre aux plus fameux autheurs :
Lui qui dans un poëme et sans art, et sans forme,
A fait paroître au jour une machine enorme,
Et qui croit par l’effet d’une ample vision,
Avoir fait d’un pupitre un second Ilion.
Muses dont le secours est toûjours necessaire
À quiconque ose écrire, et cherche l’art de plaire
J’implore ce secours, daignez me le prester,
Aidé de vos faveurs rien ne peut m’arrester
Que d’un air enjoüé, que d’un pinceau burlesque
Je peigne d’un censeur le triomphe crotesque.
Et vous belle Cloris dont les appas naissants,
Sur les cœurs les plus fiers sont déja si puissants,
Quand pour vous divertir j’entreprends cet ouvrage,
Par vos divins regards soûtenez mon courage.
Un jour que les neuf sœurs, dans le sacré vallon,
Celebroient une feste en l’honneur d’Apollon,
Et tâchoient à l’envi, par l’ardeur de leur zele,