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Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/196

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sien, un bonheur dépourvu même de cette légère brume d’inquiétude qui ombre les amours les plus vivaces. Sa jeunesse lui donne une telle quiétude ! le sentiment qu’ils sont invulnérables ! Ils ne doutent de rien, ils regardent la vie !

Ils se disent rarement : je t’aime ! Ils sont si liés qu’ils pensent en même temps les mêmes choses et qu’ils n’ont pas besoin, pour se comprendre, de parler.

Didier avoue quelquefois à Francine :

— Tu es, je crois, la première personne qui m’ait appelé par mon petit nom ! J’étais si jeune quand ma mère est partie, que je ne me rappelle plus ses mots d’amitié. Mon père, lui, me parlait peu… je dormais encore quand il s’en allait au travail, et, quand il en revenait, c’était son tour de dormir. Le maître m’appelait par mon nom de famille : Didier, les patrons aussi, tout le monde ! Il n’y a que toi…

Le matin, Didier se lève dès six heures, cinq heures suivant les saisons, pour se rendre aux