… Comme le feu d’une torche écrasée sous un talon, le chant étouffe soudain. Didier se trouve libre. À côté de lui, quelqu’un crie : « Les guignols ! V’là les gendarmes. »
Ils accourent en effet, revolver au poing, jugulaire au menton. Les manifestants les toisent, certains ramassent des briques, les deux troupes sont prêtes à la lutte : elles ont chacune leurs munitions.
D’instinct, les Belges se dissimulent derrière les soldats tandis que d’une voix claire, un officier commande :
— Déblayez le terrain ! Foutez-moi le camp ou je tire dans le tas.
Le gréviste Clergeot répond :
— Rangez-vous sur le côté avec vos hommes !
Les deux chefs jouent franc jeu : ils dévoilent leur plan de bataille… Alors les gars sortent lentement de l’usine, les hommes restent muets, mais les femmes devant les soldats grognent des invectives : « Assassins, voyous », tendent les poings sous la moustache des gendarmes qui