Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/17

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tenoit cette veillée étoit de bourgeoise et modeste apparence ; une seule chambre en étoit éclairée par quatre flambeaux, quatre cierges encadrant de leur sinistre lueur un lit à grand dossier, entièrement dégarni, sans matelas, sans draps, sans couverture, mais portant sur son fond sanglé une bière habitée et ouverte. Entre deux des cierges, sur une chaise, on avoit placé un vase d’église en argent ; l’eau dont il étoit rempli étoit bénite sans doute, car deux branches de buis, — rameaux symboliques, — trempoient dans cette eau. La chambre étoit entièrement tendue de noir ; dans l’un de ses points les plus obscurs un homme étoit assis, il dormoit. Deux sommeils près l’un de l’autre : l’un muet, inaltérable ; l’autre accidentel, agité, plein d’existence, et tourmenté par une angoisse nerveuse qui devoit être bien pénible pour l’homme endormi ; il pouvoit avoir un peu plus de quarante ans, il en paroissoit près de soixante, car chaque peine, chaque méditation avoit tracé un sillon sur son front et sur son pâle visage ; une longue barbe noire tomboit sur sa poitrine, sa