Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deuil nouveau qui m’enveloppe ame et corps, il semble que leur communication avec moi soit plus intime et plus tendre, que l’un et l’autre je les comprenne mieux ; car eux seuls me comprennent, eux seuls ne fuient pas mon approche !… Ce peuple imbécile, si je lui confie une des pensées intimes qui m’assiégent et lui révèlent sa destinée, — il rit ! Un Scaliger, un François Rabelais, rioient aussi lorsque, trop confiant, je les entraînois avec moi dans l’avenir ! l’homme et la brute ont le même rire, devant le fait plus fort que leur intelligence…

L’amertume de ces dernières paroles témoignoit que l’ignorance et l’envie avoient attaqué de leurs doutes insultans les travaux de Michel de Nostredame. En effet, le sceptique Rabelais s’étoit plu à repousser de son argumentation railleuse les confidences mystérieuses de son confrère ; le vaniteux Scaliger ne leur avoit accordé qu’une oreille distraite, et le savant dont, aux jours de pestilence, Arles et Lyon avoient imploré les secours, entendoit le peuple de Salon accuser de sorcel-