Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/64

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jourd’hui, le tigre le plus furieux de la bande ne m’a-t-il pas demandé un nouveau service ? — La voix de Pietro montoit par degrés, son visage s’animoit, sa physionomie, ordinairement voilée par une expression taciturne, révéloit le besoin d’une colère à haute et forte voix ; l’artisan l’observoit avec un calme étrange. — Oh ! la bonne tentation qui m’est venue saisir l’esprit !… mais le cœur m’a manqué. Vingt fois j’ai soutenu, d’un regard effronté, le regard farouche du doge André Gritti ; vingt fois de ma parole brève et insolente, j’ai redressé sa parole exigeante et rouge de menaces… Cet Almida Folcarini… je l’ai nommé, je crois, oui, je l’ai nommé ; j’ai péché… Mais nous sommes seuls, Buvarini ; mon invisible surveillant ne s’est sans doute pas arrêté sous ton toit… Ma langue se satisfasse une fois ! Cet Almida Folcarini, sa présence me trouble, il a les yeux du basilic, et la respiration du tigre… Comprends-tu maintenant, Buvarini, qu’Élie Déé doit être mort à minuit ?

— À minuit, Pietro ?… à minuit, le 25 de