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naire anglais ; c’est Schiller, le romantique et l’ami de la liberté ; c’est Mazzini, le patriote italien.[1]

Tous sont des héros, c’est-à-dire ceux qui furent grands par le cœur et non pas ceux qui ont seulement triomphé par la pensée ou par la force. Leur vie à tous « presque toujours, fut un long martyre. Soit qu’un tragique destin ait voulu forger leur âme sur l’enclume de la douleur physique et morale, de la misère et de la maladie, soit que leur vie ait été ravagée et leur cœur déchiré par la vue des souffrances et des hontes sans nom dont leurs frères étaient torturés , ils ont mangé le pain quotidien de l’épreuve ».

En tête de cette légion héroïque, R. Rolland donne la place « au fort et pur Beethoven ». C’est à la fin de janvier 1903 que parut[2] un petit livre de 92 pages, 43 pages de texte et 50 de documents, — testament et lettre — et bibliographie, d’impression nette et serrée, papier jaunâtre et solide, pareil à la toile de lin que tissaient jadis les grand’mères en bonnet, couverture vert clair, avec la firme étagée sur trois lignes inégales : « Cahiers de la Quinzaine, — paraissant vingt fois par an — Paris — 8, Rue de la Sorbonne, au rez-de-chaussée. » — De rares articles de journaux signalèrent ce livre : simples annonces, qui disaient : « vient de paraître » ; mais voici que de partout des amis inconnus se levèrent. Comme les Cahiers de Péguy ne se montraient à l’étalage d’aucun libraire, ces inconnus vinrent et achetèrent ce petit livre, cette vie d’un héros consolateur.

Ce fut, a dit Charles Péguy (Notre Jeunesse, p. 113) « infiniment plus qu’un commencement de fortune littéraire, une

  1. Ces biographies sont annoncées au verso de la couverture du Beethoven, édition des Cahiers).
  2. Cf. Bibliographie n° 21.