tâches, quand l’Académie Française eut l’idée, le jeudi 5 juin 1913, de lui décerner son grand prix de littérature. Ce prix, d’après le règlement, « destiné à récompenser un roman ou toute autre œuvre d’imagination en prose, d’une inspiration élevée, publié au cours des deux années précédentes », avait été attribué, une première fois, à un débutant. En 1913, deux jeunes semblaient se partager les voix, quand un membre de la commission mit en avant le nom de R. Rolland. On décida de l’avertir de cette intention, et R. Rolland fit cette réponse : « Merci de votre bonne lettre. Je n’ai pas besoin de vous dire combien je me sentirais honoré d’un témoignage de sympathie de l’Académie.. J’en serais d’autant plus heureux qu’elle a paru jusqu’à présent indifférente à tout ce que j’ai écrit ; et cela me peinait un peu. Si pourtant un débutant paraissait digne du grand prix de littérature, je me ferais scrupule de le lui disputer : car c’est aux aînés mieux armés (et aussi plus apaisés) à céder le pas à leurs cadets plus faibles et impatients d’arriver... » Noble scrupule qui honore grandement R. Rolland. Après trois séances de discussion et cinq tours de scrutin,[1] le grand prix de littérature fut décerné à l’auteur de Jean-Christophe. M. Ernest Lavisse a résumé, en un article de la Revue de Paris,[2] les raisons qui avaient décidé du vote de l’Académie. Après une fine et judicieuse analyse de la Nouvelle Journée, venait cette conclusion (pp. 731-732) : « Cette « sympathie jamais lassée pour toutes les formes de la vie » est la grande vertu de ce livre, comme
- ↑ Les voix des 29 votants — majorité absolue 15 — se partagèrent ainsi : Premier tour: R. R., 13 ; Émile Clermont (auteur de Laure), 9; Ernest Psichari (auteur de l’Appel des Armes), 5 : bulletins blancs, 2. — Second tour : R R., 14 ; Clermont, 13 ; Psichari, 1 : blanc, 1. — Troisième tour : R. R., 14 ; Clermont, 14 ; blanc, 1. — Quatrième tour : R. R., 13 ; Clermont, 12 ; Psichari, 3 ; blanc, 1. — Cinquième tour : R. R., 15 ; Clermont, 10 ; Psichari, 2 ; blancs, 2. — René Bazin, directeur en exercice, proclama R. R. lauréat du Grand Prix de Littérature. (Journal officiel du 8 juin 1913, p. 4940).
- ↑ Cf. Bibliographie, n° 181.