Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/79

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on reconnaît aisément leur auteur à cet aveu (p. 397). « Mon ami Jean-Christophe qui veut avec l’égoïsme de tout créateur, faire vaincre son idéal, a traité souvent avec dureté tout ce qui dans l’art parisien est contraire à cet idéal... Ici même je reprendrai ce combat. » — On y entend un R. Rolland confiant dans la vie et plein d’un bel espoir dans une renaissance française. « Il semble que la jeune génération vienne de conclure un nouveau bail avec la vie... Tout renaît : toutes les forces dispersées, tous les germes qu’apportent, de tous les coins de l’horizon, les quatre vents de l’esprit... »


Colas Breugnon (1914)


R. Rolland préparait en 1913 « un drame et un roman sur des sujets contemporains et dans l’atmosphère un peu tragique de Jean-Christophe » quand il dut « brusquement laisser toutes les notes prises, les scènes préparées, pour cette œuvre insouciante à laquelle il ne songeait point le jour d’avant » (Colas Breugnon, Avertissement, p. 1). Cette œuvre, c’est Colas Breugnon ; R. Rolland, prévoyant que les lecteurs fidèles de Jean-Christophe seraient étonnés par ce roman « idéologique et moral », comme l’appelle M. Paul Souday,[1] a cru devoir les prévenir que nul ne fut plus surpris que lui, le jour où son héros clamecycois s’est imposé à lui et l’a forcé à écrire sous sa dictée le journal un peu cru et irrévérencieux d’une année de sa vie. Ce fut chez lui, après dix ans de contrainte, « un besoin invincible de libre gaieté gauloise jusqu’à l’irrévérence. » Il était revenu à Clamecy, « la ville des beaux reflets et des souples collines » (p. 17), qu’il n’avait pas revue depuis sa jeunesse —

  1. Cf. Bibliographie n° 198 (5).