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la fin de 1915 jusqu’au début de 1919. C’était la suite de son premier recueil Au-dessus de la Mêlée, en attendant qu’un troisième livre donnât les articles et lettres qui n’ont pu prendre place dans cette nouvelle série. Le titre qu’il lui a donné, les Précurseurs, s’explique et se justifie, parce que tous les articles sont « consacrés aux hommes de courage qui, dans les pays, ont su maintenir leur pensée libre et leur foi internationale parmi les fureurs de la guerre et de la réaction universelle» (p. 7) — et la dédicace, datée d’août 1919, précise les intentions de l’auteur ; elle porte ces mots : « À la mémoire des martyrs de la Foi nouvelle de l’Internationale humaine, à Jean Jaurès, à Karl Liebknecht, Rosa Luxembourg... victimes de la féroce bêtise et du mensonge meurtrier, libérateurs des hommes qui les ont tués ».

Cependant une grande joie fut donnée à R. Rolland.[1] Le prix Nobel pour la littérature, non décerné en 1914, puis réservé en 1915, lui fut attribué le 9 novembre 1916, — mais pour l’année 1915, — avec cette mention : « comme hommage rendu au grand idéalisme de ses écrits ainsi qu’à la sympathie et à la vérité avec lesquelles il a peint différents types humains. » Dès 1915, le comité Nobel de l’Académie suédoise pour la littérature[2] avait fixé son choix[3] sur

  1. R. Rolland est le plus jeune des lauréats du prix Nobel de littérature. Cf. à ce sujet Léon Deffoux, Petite histoire du Prix Nobel de Littérature, dans le Mercure de France, du 15 janvier 1920, pp. 558-562.
  2. Composé de MM. H. -G. Hjärne, ancien professeur d’histoire à Upsal, président ; Esaias Tegnér, ancien professeur de langues orientales à Lund ; K.-A. Melin, docteur ès lettres, professeur de lycée ; E.-A. Karlfeldt, docteur ès lettres, secrétaire perpétuel de l’Académie; P.-A. Hallström, homme de lettres.
  3. Les Prix Nobel 1914-1918, p. 9. Le volume annuel Les Prix Nobel (Norstedt, éd. à Stockholm), rédigés en français et en suédois, avec compte rendu des conférences, portraits des lauréats, notices biographiques et bibliographiques et fac-similé des diplômes reçus, n’avait pas reparu depuis la guerre. Un volume embrassant les années « 1914-1918 » a paru en 1920. Faut-il noter que la Bibliothèque Nationale de Paris n’a acheté que le premier volume (1901) de la collection qui, heureusement, se trouve complète à la Bibliothèque de l’Institut ?