Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/172

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dification de l’ame & cette modification n’est que l’ame elle-même existant dans un certain état. Conçoit-on que l’ame puisse subir à la fois plusieurs modifications différentes ; éprouver dans le même instant plusieurs sentimens contraires ? Les moyens par lesquels l’ame acquiert des idées et ceux par lesquels elle les manifeste prouvent, non la simultanéité des idées, mais leur succession. Ces moyens sont des mots, des images, des mouvemens qui ne sauroient être prononcés ou excités à la fois, mais qui ne peuvent se succéder dans l’ame avec une rapidité équivalente à la simultanéité. D’ailleurs, l’ame a le sentiment de toutes ses modifications ; elle reconnoît que l’une n’est pas l’autre. Les jugemens qu’elle porte sur ses idées ou sur les diverses sensations qu’elle éprouve se réduiroient-ils donc au simple sentiment du passage d’une modification à une autre modification ? Ainsi quand l’ame passe de la modification représentée par le terme de meurtre à la modification représentée par le terme de crime , elle sent qu’elle n’a presque pas changé d’état, d’où elle infere le rapport des deux Mo-