Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/195

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l’existence est nécessairement déterminée dans tous ses points : on n’existe point indéterminément : le sentiment de ces déterminations s’identifie donc avec celui de l’existence ou plutôt ce n’est qu’un même sentiment.

La distraction n’est pas toujours l’effet d’une profonde méditation ; elle est plus souvent le fruit de la légéreté & de l’étourderie. Un distrait de cette espece n’a point l’usage de l’attention. Emporté par un torrent rapide d’idées frivoles, il est incapable de se fixer sur quoi que ce soit. Le sentiment tient lieu chez lui de notions, l’apparence, de la réalité. Il voit confusément la premiere surface des choses, & il se trompe toujours sur le fond. Son ame sait qu’elle agit, et qu’elle agit en vue d’une certaine fin, mais elle se méprend sans cesse sur cette fin. L’action n’est presque jamais d’accord avec la pensée. L’ame veut un objet, elle en prend un autre. Son inattention perpétuelle aux perceptions qu’elle reçoit du dehors affoiblit tellement en elle l’impression de ces perceptions qu’elle les sent à peine.