Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/198

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que dans le moyen. Ordinairement ces méprises dérivent de l’inaction totale des sens, qui ne permet pas à l’ame de juger de la nature des objets extérieurs & de leur disconvenance au but ou à l’ordre des perceptions intérieures qui reglent ses mouvemens. Mais quelquefois ces méprises ont une origine contraire : les sens à demi assoupis font passer jusqu’à l’ame des impressions foibles, qui se mêlent avec les perceptions du dedans & en troublent la suite & la liaison.

Tous les mouvemens qui demandent à être exécutés avec promptitude, sont rallentis, troublés ou interrompus lorsque l’ame leur donne une certaine attention. C’est que l’attention devient alors distraction. L’ame considere dans chaque mouvement plus de choses qu’il n’en faut considérer. Cela la détourne de l’objet principal, & lui fait manquer l’ordre ou la succession précise des mouvemens. Si à cet excès d’attention se joint la crainte de mal réussir, le dérangement est extrême.