Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/204

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à la perception qu’il fait naître. Il est une espece de signe employé par le créateur pour exciter dans l’ame une certaine perception & pour n’y exciter que cette perception. Il seroit contradictoire à la nature & à la fin de ce signe qu’il excitât à la fois & de la même maniere deux perceptions qui non seulement n’auroient entr’elles aucun rapport, mais qui s’excluroient encore mutuellement. Comment le mouvement qui donneroit à l’ame l’idée d’une couleur qui est une idée simple, lui donneroit-il en même tems & précisément par la même voie l’idée très-composée de l’organe & de son opération ? Il faudroit à l’ame un autre sens qui traduisît en perceptions, si je puis m’exprimer ainsi, cette méchanique & ce jeu.

C’est encore par la même raison que l’ame ne se connoît point elle-même. L’ame ne connoît que par l’intervention des sens. Les sens n’ont de rapport qu’à ce qui tient au corps : l’ame n’est rien de ce qui tient au corps.