Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/208

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entre deux objets qui lui paroîtroient parfaitement semblables, elle demeureroit en équilibre entre ces deux objets, et ne pourroit se déterminer pour l’un plutôt que pour l’autre. Cette proposition est facile à démontrer. Il n’est point d’effet sans une raison capable de le produire. Quelle seroit ici la raison qui opéreroit la détermination de l’ame ? Elle ne sauroit être dans la nature des objets proposés, puisqu’on les suppose parfaitement semblables. Elle ne sauroit être non plus dans la nature de la volonté, puisque la volonté ne s’exerce que sur le meilleur, & qu’il n’est point ici de meilleur. Enfin, cette raison ne sauroit être dans la nature de la liberté, puisque la liberté n’est que le pouvoir d’agir et que ce pouvoir est indéterminé.

Mais l’ame est unie à un corps : elle en éprouve à chaque instant les impressions ; quoique toutes ces impressions ne lui soient pas également sensibles. De là il arrive assez souvent que l’ame croit agir indifféremment, bien qu’elle soit mue par une raison ; mais cette raison est alors dans une certaine disposition du