Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/211

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mêmes réflexions que vous avez faites sur le premier, vous les menerez ainsi pendant quelque tems de sorts en sorts, d’expédiens en expédiens, sans qu’ils parviennent à se déterminer. Ce jeu durera d’autant plus que les partis proposés seront plus considérables. Dans ces cas-là que fera le philosophe ? Il laissera agir la machine : il s’en remettra à la disposition actuelle de son corps : il dira pair ou non , suivant que sa bouche se trouvera disposée pour dire l’un ou pour dire l’autre. La marche du philosophe différera encore plus de celle du peuple dans les cas importans ou composés. Souvent dans ces sortes de cas le peuple cherche hors des partis proposés des motifs à ses déterminations. Quoique ces différens partis n’aient qu’un air de ressemblance, il suffit pour opérer sur son esprit l’effet d’une parfaite égalité. Le philosophe, au contraire, tourne et retourne plusieurs fois les mêmes objets : il veut les voir sous toutes leurs faces. Il pese toutes les probabilités, compare toutes