Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/305

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psychologique d’un esprit infini dont il ne sauroit concevoir l’existence. Quand je vois un enfant joindre les mains à demi, lever vers le ciel des yeux qui ne disent rien, réciter à la hâte d’un ton piteux et d’une voix mal articulée une priere qu’il a apprise avec beaucoup de peine, je ne vois qu’un jeune singe qui répéte sa leçon. De telles prieres ne sauroient être d’aucune utilité pour celui qui les fait ni édifiantes pour ceux qui les écoutent ; et elles jettent même une sorte de ridicule sur ce que la religion a de plus saint. Je voudrois donc n’entretenir d’abord l’enfant que des choses les plus sensibles, que des objets qui s’offriroient à lui tous les jours. Je n’oublierois point que si nous sommes machines, c’est sur-tout à cet âge, et que les ressorts de cette machine qu’il s’agit de monter sont les sens. J’instruirois l’enfant de ses devoirs sans paroître l’en instruire. J’en resserrerois le nombre le plus qu’il me seroit possible, en les déduisant des relations les plus prochaines, les plus essentielles, des relations qui auroient pour objets immédiats son propre corps, ses parens &