Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/312

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& sur ceux de la Tamise un peuple de savans, à la place duquel on ne vit autrefois qu’une nation de barbares. C’est elle qui conserve à la Chine depuis près de trois mille ans sa religion, ses loix, ses mœurs, ses sciences & ses arts. C’est elle enfin qui transportera quelque jour sur les rives sauvages de l’Amazone les sciences européennes, & qui transformera l’américain stupide en métaphysicien profond.

D’où vient la distance énorme qui sépare l’immortel Newton du pâtre grossier ? La nature n’auroit-elle pas pêtri leurs cerveaux du même limon ; auroit-elle mis dans l’un des parties qui ne se trouveroient point dans l’autre ; ou auroit-elle arrangé dans l’un certaines parties tout autrement qu’elle ne les auroit arrangées dans l’autre ? Non ; le cerveau du pâtre a essentiellement les mêmes organes, la même structure, le même tissu que celui du philosophe ; & si ce dernier a quelque avantage qui n’ait pas été donné à l’autre, cet avantage n’est pas tel qu’il eût fait de Newton, placé dans les Orcades, le Newton