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CHARLOT S’AMUSE

qui s’était passé et de se séparer d’Origène, « son cher fils ».

Le soir même, après une visite au curé de Saint-Laurent, il avait trouvé un biais. Il monta chez Charlot, se composant en chemin un visage sévère et menaçant. Le petit, effrayé dès les premiers mots qu’il lui adressa, promit silence et jura de répéter docilement à toutes les questions du dehors la leçon que lui fit le directeur. Il tint parole. Le vicaire étant venu le voir, il lui affirma qu’il préférerait aller n’importe où plutôt qu’à Saint-Barnabé et que sa mère avait toujours souhaité qu’il fût élevé en province. On pouvait la consulter. Le prêtre lui promit alors de le faire entrer dans une école professionnelle que son oncle, l’évêque de Saint-Dié, allait fonder dans son diocèse.

L’établissement était créé pour faire pièce à une école similaire et laïque, œuvre d’une municipalité libérale avec laquelle monseigneur était continuellement en lutte. Seulement, la ville étant un foyer d’opposition, il fallait pour frapper un grand coup avoir, le jour même de l’ouverture, deux fois plus d’élèves que la maison rivale, et les sommités catholiques du département s’étaient, dans ce but, cotisées, s’offrant à payer l’éducation de petits orphelins destinés à faire nombre.