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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/210

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CHARLOT S’AMUSE

Guillaumet cependant, pressé de retourner à sa partie de guiche, allait vite, brandissant, comme une trique, le flambeau sacré. La rue traversée, et la sainte troupe sortie de l’ombre des maisons, la pâle lumière, secouée, sembla jaunir davantage dans l’embrasement du soleil couchant. De pourpres reflets d’incendie rasaient les toits et jetaient aux murs d’en face une nappe sanglante. Le prêtre la sentit couler sur son dos. Sa soutane se fit grise d’abord, rousse ensuite, et, au-dessus de sa tête, le dais s’alluma, scintillant comme un cerf-volant doré, avec l'étoilement de ses passementeries, sur la blancheur à présent rosée de la moire. Puis, à l’angle d’un mur, comme une bougie que l’on souffle, tout s’éteignit brusquement.

Alors, Charlot se secoua dans un frisson, avec l’effroi irraisonné qu’arrache aux natures faibles l’inopinée venue de la mort. Il aurait fui peut-être, mais les servantes se relevaient, les genoux meurtris de leur écrasement sur la pierre et secouant leurs tabliers. Elles l’avaient vu :

— Oh ! monsieur Charles ! monsieur Charles !… quel malheur !… La pauvre demoiselle demandait encore après vous à quatre heures…

Sans répondre, il monta l’escalier. Son cœur battait si fort, qu’il lui semblait en entendre