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CHARLOT S’AMUSE

faite, puis elle sauta sur lui, l’empoigna par les épaules et le ramena : Est-ce qu’il se foutait d’elle, par hasard ? Alors, il ne la connaissait pas ! Elle était Camélia !… On pouvait demander partout des renseignements !… S’imaginait-il qu’elle était malade ?… Non ! Non ! Ça n’allait pas se passer comme ça ; elle lui flanquerait plutôt ses cent sous sur la gueule ! C’était la plus sale chose qu’on pût faire à une femme : ne pas vouloir quand elle voulait. Puisqu’il avait payé pour monter chez elle, il ferait son affaire ! On était putain, mais bonne fille, et honnête en commerce… Qu’est-ce qu’elle lui avait donc fait ? Fallait qu’il le dise… Elle avait du cœur, elle n’était pas une mokotte, mais bien une Parisienne… Elle était née 286, faubourg du Temple… Connaissait-il ça ?…

Elle criait à présent, furieuse du mépris qu’elle lisait dans les yeux de l’homme. En passant, elle lui racontait sa vie, hachant ses phrases, la lèvre sifflante, mêlant les injures aux caresses. Il eut peur et revint s’asseoir, lui parlant de Paris, espérant qu’il en serait quitte avec une causerie de dix minutes. Mais, bientôt, la conversation tomba et il s’aperçut qu’elle était de Poitiers.

Elle ne l’en appelait pas moins toujours