Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
CHARLOT S’AMUSE

la visite quotidienne du médecin major. Sans doute, il serait moins aveugle que le docteur Jolly, ce médecin de la marine à l’œil sévère et aux favoris rouges. Charlot avait une peur atroce de lui et se cachait, quand il le rencontrait dans la cour. Il ne pouvait cependant plus se traîner. Un spasme cardio-pulmonaire le jetait continuellement dans des crises de palpitations et sa respiration haletante et précipitée l’angoissait au moindre mouvement. Les phénomènes névropathiques qu’il avait déjà constatés à Saint-Dié se reproduisaient, mais moins diffus et se localisant sur son cerveau. Ils s’accélérèrent tant, qu’un matin, il ne put se lever. Sa faiblesse ne lui arracha qu’un pâle sourire. S’il pouvait enfin crever ! pensait-il. Et pour rendre plus prompte cette fin ardemment souhaitée, il se jeta plus violemment dans son vice, n’ayant plus qu’un désir ; celui d’expirer au cours d’un de ses accès et de ne pas savoir en mourant si les râles qui déchiraient sa gorge étaient des râles de volupté ou d’agonie. Épuisé, il s’évanouit, et on le fit transporter à l’infirmerie, d’urgence.

Il ne s’était pas trompé. Le docteur, en l’examinant, le lendemain matin, n’hésita pas à diagnostiquer son mal exact. Une heure après, Charlot était emporté sur un brancard