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CHARLOT S’AMUSE

s’était blasé par l’imagination et tombait aux rêves sadiques.

L’implacable hérédité rendait d’ailleurs incoercitive la fougue de ses désirs. Il rechuta fatalement. Rien n’y fit, ni les punitions, ni les conseils et les prières du jeune docteur Jolly, ni les menaces des autres médecins. Les moyens mécaniques restèrent même inutiles, ainsi que les cruelles scarifications qu’on opéra sur ses organes, dans le but d’entraver ses mouvements par la douleur. Vainement les anti-aphrodisiaques s’accumulaient sur la planchette de son lit : les troubles sensoriaux s’accroissaient et le misérable s’hébétait à vue d’œil. Il appétait sans cesse les mortelles jouissances, cherchant des sensations nouvelles, inouïes, impossibles, rêvant parfois d’étranges mutilations. L’acte accompli, il éprouvait un resserrement douloureux au renflement de la moelle à la région lombaire, et il pleurait, ne sachant si ses larmes lui venaient de cette souffrance ou de la honte d’avoir encore une fois cédé. Puis, après quelques heures ou quelques minutes, il se laissait aller de nouveau.

Sa démarche, son aspect, son habitus commençaient cependant à déceler le fou génésiaque. Ayant entendu, un soir, un infirmier annoncer qu’il était de garde à l’amphithéâtre,