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CHARLOT S’AMUSE

sa vie. À dix-huit ans, elle était nymphomane et n’avait jamais pu se guérir. Avec l’âge, elle était devenue alcoolique, et l’hystérie avait remplacé la nymphomanie, pour faire place à son tour, après la ménopause, à une paraplégie remarquable…

Et le docteur lui ayant dit de se retrousser, la malade releva ses jupes très haut, en riant idiotement. À présent, on voyait ses chairs flasques et livides jusqu’à son ventre ridé.

Cependant le professeur poursuivait ses expériences, démontrant l’insensibilité de la jambe droite, puis, à l’aide d’un aimant, la transférant à l’autre, à volonté. Quand ce fut fini, il lui ordonna de rabaisser sa robe. Elle ne bougeait pas, mais on l’entendait rire. Alors une infirmière s’approcha, et, d’un geste brusque, lui fit lâcher ses cotillons qui lui couvraient la tête. Le bandeau mal attaché vint avec, découvrant brusquement le visage.

Et, tout à coup, dans la salle, on entendit un grand cri qui fit retourner tout le monde : Charlot venait de reconnaître sa mère.

Sa mère ! C’était sa mère, cette vieille ignoble, atroce, dont le professeur avait dit les débordements, la nymphomanie éhontée, puis l’hystérie et l’alcoolisme ! C’était sa mère, cette misérable dont l’âge critique avait à peine