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CHARLOT S’AMUSE

moison à laquelle succédaient une résolution et une langueur de tout son organisme, dans la mollesse d’un ensommeillement très doux.

Cependant, après un mois de cette liaison, il se fit en Charlot comme un apaisement. Sa dépravation génésique peu à peu satisfaite ne l’amena plus à rêver brusquement, en plein travail, de voir sa maîtresse demi-nue dans un accès d’érotique folie. La poussée de ses désirs restait toujours vigoureuse, mais elle devenait saine, régulière, naturelle, et il aurait été semblable à tous les hommes de son âge, sans la fréquence et l’emportement de ses crises d’amour.

Malgré leur nombre pourtant, et leur furie, il sentait une amélioration naître en lui. Ses jambes se raffermissaient, ses joues moins creuses se recoloraient, son œil redevenait brillant et clair, le travail enfin lui était facile. Sa vie d’antan et ses habitudes solitaires lui semblaient un mauvais rêve.

Les mois passèrent sans lui apporter de lassitude. Il adorait toujours Fanny, s’imaginant être marié et la traitant avec la même tendresse. C’était une lune de miel sans fin. La nuit, il retrouvait à la serrer sur sa poitrine ses ardeurs folles des premiers jours, et de son mal ancien, il ne conservait qu’un rut