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CHARLOT S’AMUSE

de Mazas, et elle était allée s’entendre avec lui, dans une des promenades qu’elle avait faites, ces temps derniers, toute seule. Un instant, il songea à se montrer, mais sa lâcheté ordinaire l’emporta ; ce grand vaurien le rouerait de coups. Il s’en alla la mort dans l’âme et, dès lors, il vécut désespéré davantage, ayant pour exagérer son chagrin le regret de n’avoir pas été plus courageux. Peut-être aurait-il été le plus fort dans la lutte et, l’aurait-elle suivi.

Bientôt, cependant, il ne prononça plus le nom de sa maîtresse, songeant toujours à elle, sans doute, mais comme à un état meilleur disparu, et sans qu’il y eût quelque chose de précis dans ses souvenirs. C’était la femme, qu’il regrettait, non plus Fanny. Et il ne songeait pas à s’étonner de ce phénomène. La disparition lente de son amour et le vague de ses aspirations actuelles semblaient naturels à l’éclosion de son égoïsme. Puis, il n’avait plus, à vrai dire, le temps d’analyser les transformations psychiques qui se passaient en lui, repris de la monomanie érotique et de la préoccupation uniquement sensuelle qui l’absorbaient avant qu’il rencontrât sa maîtresse.

Sa vie s’écoulait dans un martyre de toutes les heures, avec la fixité obsédante de cette idée qu’il était seul, en tête-à-tête avec sa né-