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CHARLOT S’AMUSE

longuement interrogée sur les moindres détails de sa chute, lui imposa une pénitence excessive dont la rigueur, en dévoilant à la malheureuse l’étendue de ses fautes, la fit pleurer à chaudes larmes. On revint à la « Pension ecclésiastique », elle prit ses hardes, et sa compagne toujours silencieuse et maussade l’accompagna au presbytère de l’église Saint-Laurent.

Anne y trouva une vieille compatriote, sa marraine et, tout de suite se sentit consolée à pouvoir parler bas-breton. Le curé de la paroisse était un ami de son parrain. Pris de pitié, au récit de l’infortune de la jeune fille, que celui-ci lui avait racontée, il avait consenti à ce qu’elle vint aider, tous les jours, sa gouvernante. Toutefois, Anne étant trop jeune, ne pouvait pas s’installer dans la maison. Sa « payse » lui loua donc un cabinet chez une amie, maîtresse d’hôtel dévote du voisinage. La jeune fille devait venir au presbytère à neuf heures du matin et s’en aller à deux heures. Sa propriétaire l’emploierait alors, jusqu’au soir, à ravauder les draps et les serviettes de la maison.

Les premiers temps, la pauvre fille se trouva heureuse ; puis, rapidement, elle regretta son village, sa liberté de jadis, la grande mer et la lande sans fin. De Paris, elle ne connaissait