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CHARLOT S’AMUSE

atroces, des choses hideuses qu’il ne comprenait pas, mais dont il devinait l’horreur. Quand elle revint, il feignit de dormir pour éviter d’être de nouveau battu.

Jusqu’à minuit, la veuve fit du tapage, ne s’arrêtant de crier et de bouleverser son misérable mobilier que pour boire à même la bouteille. Puis, elle se déshabilla, et, en chemise, descendit appeler le gardien de nuit de la teinturerie qui veillait au rez-de-chaussée, près de la machine. L’homme monta, hésitant à céder aux provocations de la mégère, dans cette chambre qui sentait encore le mort, et n’acceptant que de boire une goutte avec elle.

Alors, prise d’une bestiale et lubrique folie, elle enleva son dernier vêtement, inventant d’érotiques caresses pour éveiller les sens de son amant. Hors de lui, le chauffeur s’abandonna enfin, et tous deux, jusqu’à l’aube, se vautrèrent, perdus dans une obscénité crapuleuse.

Charlot, retenant son souffle, regardait, avec un effarement inouï, sa mère se prostituer, tremblant lorsque, pâmée sous les caresses de l’homme, elle se tordait dans une sorte de crise hystérique, convulsée, roidie, hurlante, martelant le bois du lit avec sa tête à coups précipités et ne revenant à elle, ayant