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CHARLOT S’AMUSE

accouraient sur le seuil de leur porte, et lui, tout fier, il les dévisageait au passage, heureux de leurs regards d’envie.

Allons ! as-tu fini d’admirer le bout de tes souliers ? s’écria sa mère, en lui secouant le bras.

Il redressa la tête, comme éveillé en sursaut. Ils étaient arrivés devant l’école, et la veuve tirait la sonnette.

Un grand froid maintenant secouait Charlot à voir les bâtiments sombres. Apeuré, il se retourna. De l’autre côté de la chaussée était l’hôpital Saint-Martin, et il se prit à regarder consciencieusement les grands murs sévères que dépassaient les têtes des marronniers, comme s’il avait voulu, avant de quitter la rue, faire provision d’impressions et graver dans sa tête la physionomie des choses. Longuement, il contempla une voiture d’ambulance arrêtée devant l’hôpital. L’œil agrandi, il détaillait les costumes des conducteurs du train juchés sur leurs mulets. Il s’intéressait à voir un dragon, pâle, la tête enveloppée de linges, descendre de la voiture, tandis que le brigadier d’escorte mettait pied à terre et, le bras passé dans la bride de son cheval, tendait le billet d’admission au portier-consigne, un gros vieux décoré qui fumait devant la porte entr’ou-