VI
Les pattes de mouche de la femme à qui l’on a laissé
prendre un peu de son cœur, pour petit que soit ce
peu, rappellent singulièrement les encyclopédies,
voire les simples dictionnaires Le besoin de les consulter
vous arrachant au travail, on dépose sa plume
et l’on ouvre les gros tomes, intimement persuadé que
brève sera l’interruption, et vite découvert le terme ou
le renseignement souhaité. Mais les doigts ne peuvent
plus se détacher des pages. D’article en article,
de définition en définition, le regard se rive, oublieux
du but. Ce sont des trouvailles, des surprises, des
moissons de pensées et de mots, toute une école buissonnière,
charmante en son inattendu, qui nous promène
par les champs des idées, mais, comme tous les
vagabondages, nous fait oublier l’heure — et les gendarmes.
Rentré dans le devoir, on accuse la pendule,
heureux encore si l’on se souvient du mobile de la recherche
originelle, si l’on sait se réatteler à la besogne
interrompue.
Pareillement, les lettres de femme incitent aux longues flâneries l’homme qui les ouvre une minute. On ne sort plus des tiroirs où dorment les chers papiers