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Page:Bonnières - Contes des fées, 1881.djvu/51

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IV



COMMENT SAUGE-FLEURIE FIT AU PRINCE UN NOBLE ET TOUCHANT DISCOURS



Sauge admira ces objets sans envie
Et dit :
        « Seigneur, les beaux jours sont comptés.
« Aimez-moi bien, et jamais ne doutez
« Du bel amour dont j’ai l’âme ravie.
« Est-il pour moi besoin de tant d’apprêt ?
« N’aimez-vous point la belle solitude,
« Et des amants n’est-ce plus l’habitude
« De mieux s’aimer quand l’amour est secret ?
« Restons ici sans plus, si bon vous semble ;
« Nos yeux pourront se parler à loisir,
« Et nous n’aurons de si charmant plaisir
« Que seul à seul à demeurer ensemble.
« Auprès de vous, je sens mon cœur léger ;
« Légère est l’heure aussi qui me convie
« Et là, tout beau ! je vous donne ma vie.
« Prenez-la donc, mais sans m’interroger. »