Page:Bordat - Sur Pierre de Coubertin, 1937.djvu/8

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saisissait la nécessité impérieuse d’adapter hardiment les institutions humaines au progrès matériel et social. Il abhorrait la féodalité sous toutes ses formes, « ensemble de compromis qu’autorise toujours l’absence d’État », sous le couvert de laquelle s’effectue la « substitution de l’intérêt local et privé à l’intérêt général » et qui aboutit fatalement « à l’exaltation des droits ainsi qu’à la méconnaissance des devoirs ».

Et il considérait avec une sorte de terreur les perspectives réactionnaires « toujours séduisantes non seulement à ceux dont un retour en arrière servirait la fortune, mais aux nombreux craintifs qu’inquiète la nouveauté et que rassure l’évocation même déplaisante d’un chemin déjà parcouru ».

Il eût rêvé d’anéantir dans le monde, et d’abord en France, ces « restes de mentalité esclavagiste » qui, pour avoir trop longtemps subsisté sous l’étiquette d’une fausse démocratie, ont projeté nos sociétés dans le chaos où elles agonisent.

Contempteur de la myopie intellectuelle qui caractérisa son époque, Pierre de Coubertin a prévu, lui qui voyait loin, tous les malheurs du temps présent. Il y a proposé, en temps utile, d’actifs remèdes, et ce sera sa gloire posthume d’avoir créé l’école à laquelle tôt ou tard se rallieront les bâtisseurs appelés à rééquilibrer le monde.

Gaston Bordat.