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CHANT II.

Que tous les jours, avant ce cas preſſant,
Elle alloit voir par excès de tendreſſe.
De la Nonnain peignez-vous la détreſſe !
Huit mortels jours ont duré comme cent.
Chaque matin un billet de reproche,
De déſeſpoir ; ſon trépas eſt ſi proche,
Que notre Belle à la fin ſe réſout,
Vole au parloir : la ſcene fut touchante :
La Dame foible, & la Nonne exigeante ;
De point en point on lui raconta tout.
Peut-on mentir, hélas ! à ce qu’on aime !
Oſerez-vous cacher votre bonheur
A qui le doit ſentir comme vous-même ?
L’Abbeſſe avoit un grand fond de pudeur ;
Elle frémit des péchés de ſa ſœur,
Et d’autant plus que l’outil diabolique
Fut ſûrement formé par art magique.
Oh ! non, dit l’autre ; il eſt venu du Ciel,
C’eſt un préſent de l’Ange Gabriël.

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