Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/20

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jours prête à déchirer un traité, lorsqu’elle croyait y trouver avantage, mais de son côté, il voulait, tout en restant dans son droit et en sauvegardant les intérêts des réformés, faire les concessions de nature à éloigner une reprise d’armes. Il n’ignorait pas à quelles difficultés il devrait se heurter de la part de ses adversaires et même de ses partisans. Les prétextes ne manqueraient pas pour rouvrir les hostilités; il devrait déployer toute son intelligence et toute son énergie pour calmer la fougue de ses amis et aplanir les obstacles qui se dresseraient sans cesse entre les deux partis. Ses conseillers eux-mêmes étaient presque tous portés aux mesures violentes. Le baron de Salignac, dont l’ardeur sur les champs de bataille ne le cédait pourtant à personne, était un des seuls dont les avis penchaient toujours vers la conciliation. Comme il se rapprochait ainsi des idées du roi de Navarre, la confiance que celui-ci lui avait témoigné jusque là n’en devint que plus vive. Aussi est-ce à dater de cette époque que nous le voyons, fréquemment chargé de missions difficiles et délicates, auxquelles son caractère loyal et en même temps plein de finesse se prêtait admirablement. La correspondance de Henri de Béarn, en nous laissant la trace des efforts qu’il fit pendant l’année 1579 pour éviter un conflit, nous apprend aussi que Salignac servit fort utilement dans les pourparlers qui eurent lieu à cette occasion le maréchal de Bellegarde s’agitait en Dauphiné et cherchait à se créer un gouvernement indépendant. La Reine mère, persuadée qu’il agissait sous l’inspiration du roi de Navarre, s’en plaignit vivement. Le baron de Salignac fut envoyé « en