Page:Borel - Œuvres complètes, II, 1922.djvu/227

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Celle pour qui mon nom est un chant inouï,
A qui je dis : Je veux, et qui me répond : — Oui !

Gardez-vous de l’amour : car sa rude exigence
Brise le cœur hautain, la fière intelligence
De l’homme le plus fort ; corrompt sa volonté
Et le jette pour proie à la débilité
D’une femme, — écrasant sa tête vaniteuse,
Jouet des mots dorés d’une bouche menteuse !…
Gardez-vous de l’amour, messieurs, c’est un poignard
Orné de pierreries et parfumé de nard ;
Une main implacable, invisible, inconnue,
Dans l’ombre en est armée, — et quand une âme est nue
Ouverte, confiante, et sans fiel, sans poison.
Passe, — elle suit sa trace et frappe en trahison.