Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/10

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portait un air de souffrante mélancolie, comme un cerf lancé hors de son hallier.

Quant à des particularités sur son enfance, on ne sait presque rien : on ne sait que ce que lui-même en a voulu dire à ses intimes. La volonté était développée chez lui au plus haut point, hardi, têtu, impérieux, le mépris des usages et coutumes était inné en lui, il ne s’y ploya jamais, même en son plus bas âge. Il avait en horreur les habits, et passa ses premières années entièrement nu ; ce n’est qu’assez tard qu’on parvint à lui faire endosser les vêtements les plus nécessaires.

On a encore quelques soupçons vagues que son instruction avait été confiée à des prêtres, son irréligion viendrait assez à l’appui de cette opinion. Il n’est pas de héros pour le valet de chambre, il n’est pas de Dieu pour qui habite le temple.

Il se plaisait souvent à conter avec une espèce de joie qu’il avait été toujours fatigant pour ses maîtres, toujours redouté par eux, sans trop savoir pourquoi : peut-être les mettait-il souvent à quia par ses questions à La Condamine, et flairant leur