Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paraissaient plus occupés de leurs chuchotements que de leur danse. Le marié, à l’autre angle du salon, courtisait une fillette de sa parenté.

La grande salle se terminait par une loge ouverte sur un préau ; elle était couverte de conviés, dames, cavaliers, vieux, duègnes, qui, sous prétexte de respirer l’air frais de la nuit, venaient donner libre essor à leur satire, à leur méchanceté. C’était un conflit d’incidences, d’interlocutions ; un orchestre de voix flûtées, sourdes, éraillées, chevrotantes ; une collection de minois et de mines ridées par le gros rire ou avivées par un sourire malin, trahissant des claviers d’ivoire, ou des bouches crénelées comme un donjon, ou denticulées comme la corniche de la voûte.

— Quelle est donc le beau cavalier avec lequel minaude l’épousée ?

Señorita, vous êtes méchante !

— Ha ! ha ! ha ! regardez donc là-bas don Vésalius, échâssé dans ses calzas bermijas et son pourpoint noir ; par mahom ! ses jambes dans ses bottines ne vous semblent-elles pas des plumes dans un encrier ? Voyez-le donc sauter