Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/146

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sée, reconnut Andréa Vésalius, et, soupirant, se prit à dire d’un ton agonisant :

— Vous êtes monseigneur et maître Andréa ! Je me sens faiblir à chaque instant ; bientôt je serai aux pieds de Dieu, juge austère ; et je suis impure ! j’ai tant péché contre vous ! Mais la pécheresse implore son pardon. Ne vous emportez point ; vous êtes un homme sage, vous êtes mon bon époux et mon maître ! laissez que je vous mette mon âme tout à jour.

Señora, vous n’êtes point aussi bas que vous paraissez le croire ; votre esprit s’est frappé.

— Nul ne sent mieux son mal que le patient. Quelque chose crie en moi, que ma fin est proche. Vous êtes mon époux et mon bon seigneur : écoutez, et pardonnez ; peut-être même serai-je excusable en quelques points.

Nous avions fait tous deux un serment à l’autel ; tous deux, nous y avons été infidèles ; moi, parce que j’étais jeune et surabondante de vie, et vous, parce que vos cheveux étaient blanchis par l’étude, et votre corps brisé par le travail. Malheur ! malheur ! que d’en être à maudire sa jeunesse ! Ô Vésalius, si vous saviez ce que c’est d’être jeune femme, si vous saviez tout