Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/20

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Eh ! moi, plus qu’une enfant, capon, flasque, gavache,
___________e ce fer acéré
Je ne déchire pas avec ce bras trop lâche
___________Mon poitrail ulcéré !
Je rumine mes maux : son ombre est poursuivie
___________D’un regret coutumier.
Qui donc me rend si veule et m’enchaîne à la vie ?…
___________Pauvre Job au fumier.


HYMNE AU SOLEIL


Là, dans ce sentier creux, promenoir solitaire
___________De mon clandestin mal,
Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
___________Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre
___________Appeler le sommeil,
Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
________Je viens user mon écot de soleil !

Là-bas, dans la cité, l’avarice sordide
___________Du roi, sur tout Champart,
Au mouton-peuple, on vend le soleil et le vide ;
___________J’ai payé ; j’ai ma part !
Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste,
___________Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front d’un prince auguste,
________Qu’au sale front d’une gueuse en haillons.